Croissance bleue à l’horizon

Une cinquantaine de personnes ont participé à l’atelier organisé par le CMNC.
1

Présidé par Denis Robin, secrétaire général de la Mer, et Alexandre Luczkiewicz, chargé de la coordination des clusters outre-mer au sein du Cluster maritime français (CMF), un “atelier comité France maritime” organisé par le Cluster maritime de Nouvelle-Calédonie (CMNC) s'est déroulé samedi 21 septembre au gouvernement. Objectif : déclencher une véritable prise en compte du fait maritime en Nouvelle-Calédonie.

Président du Cluster maritime de Nouvelle-Calédonie, Philippe Darrason est satisfait : « Pour nous, l’intérêt de cet atelier était de pouvoir mieux se connaître les uns les autres et de mettre sur la table les sujets de développement économique du maritime ». Et à l’issue de quatre heures d’échanges, aucun doute, « la prise en compte du fait maritime est aujourd’hui réellement ancrée en Nouvelle-Calédonie ».
Huit axes avaient été identifiés pour décliner l’ordre du jour. Huit sujets porteurs en matière de développement économique responsable. Parmi ceux-ci, « Réussites et freins de la croisière, comment ne plus la subir, comment limiter son essor pour que cette activité reste complètement désirée par les populations locales » ; « Plaisance, grande plaisance, super yachts : oui ou non cette niche d’activités vaut-elle la peine d’être développée ? » ; ou encore « Formation et besoins en recrutement des métiers du maritime, comment les valoriser, les adapter aux besoins des jeunes Calédoniens ».

Positionnement stratégique

Alors que l’Ifremer est intervenue afin d’apporter une vision scientifique de l’éco-responsabilité, de montrer comment la recherche pouvait accompagner un développement économique respectueux et œuvrer à la valorisation de nos bio-ressources, une table ronde s'est ensuite tenue autour du positionnement de la Nouvelle-Calédonie dans son environnement, de son exemplarité au sein du Pacifique et sur un axe Indo-Pacifique en particulier.
Un petit focus a également concerné Territoires d’Innovation. Le cluster a été moteur dans la candidature de la Nouvelle-Calédonie. « Il est important qu’il trouve aujourd’hui sa place au sein de la gouvernance, affirme Philippe Darrason. La Banque des Territoires ne délivrera pas le moindre franc aux projets lauréats tant qu’on n’aura pas montré que la Calédonie était capable de les accompagner. Nous devons à présent travailler en transversalité et en bonne intelligence, en faisant de Territoires d’Innovation le socle d’une mise en commun de moyens et de réflexions politiques pour travailler tous ensemble sur une stratégie maritime ».

Un Livre bleu pour alimenter la réflexion…

La stratégie, on y arrive… C’était l’objet de la présentation par Lionel Loubersac, manager du CMNC, d’un Livre bleu supposé nourrir la réflexion en matière de croissance économique et déboucher sur l’adoption d’une politique maritime pays « digne de ce nom ». Répartis depuis plusieurs mois en groupes, les membres du cluster ont dressé un état des lieux des forces et faiblesses de chaque secteur d’activité avant d’élaborer des propositions d’évolution. La rédaction de ce document touche à sa fin. Il sera remis au gouvernement et aux provinces au cours du premier trimestre 2020. Pour une écriture finale à plusieurs mains institutionnelles, tenant compte des compétences respectives de chacun, mais guidée par l’intérêt général.

… et servir de base à une politique maritime pays

Christopher Gygès ne cache pas sa satisfaction : « Territoires d’Innovation nous a montré que l’environnement était un levier de développement pour la Nouvelle-Calédonie. La création au sein du gouvernement d’un secteur spécifique dédié à l’économie de la mer s’inscrit dans cette démarche ». Le membre du gouvernement en charge de ce secteur entend désormais s’appuyer sur le Livre bleu du cluster pour doter la Nouvelle-Calédonie d’une « véritable stratégie de développement maritime durable ». Rendez-vous courant 2020 avec, sur la ligne d’horizon, des objectifs de diversification vers une croissance bleue, de nouveaux débouchés économiques, mais aussi de nouveaux emplois.

Le quatrième atelier à Nouméa
Le comité France maritime est, selon les mots de Denis Robin, « une espèce de club informel » à travers lequel l’ensemble des filières économiques (construction navale, pêche, croisière…) et la douzaine de ministères et administrations travaillant dans le maritime dialoguent tout au long de l’année. « Une instance gagnante-gagnante qui permet à chacun de rappeler ses attentes, défendre ses intérêts et faire progresser la communauté maritime. » Ce comité prépare les décisions soumises au Premier ministre une fois par an lors du comité interministériel de la mer. Une réunion plénière du comité France maritime outre-mer se tient par ailleurs chaque année à Paris, et des ateliers destinés à aller à la rencontre des forces vives du maritime ultramarin sont organisés hors Hexagone. Après Saint-Pierre-et-Miquelon, la Guyane et la Martinique, l’atelier décentralisé s’est donc déroulé, pour la première fois, en Nouvelle-Calédonie.

Le bilan du SG mer
Il avoue que ça devient « obsessionnel », mais Denis Robin ne peut s’empêcher de le répéter, « vous avez la chance de disposer d’une mer que le monde entier vous envie, alors protégez-la, préservez ce joyau, vous en avez le devoir, vis-à-vis de l’humanité entière ; sans tout sanctuariser, ce serait une erreur ». Pour le secrétaire général de la Mer, il existe en Nouvelle-Calédonie « un début de conscience de la présence d’un océan source de richesses », mais « reste à convaincre une partie de la population qui n’est pas spontanément tournée vers la mer ». Selon lui, « Territoires d’Innovation, une opportunité à ne pas manquer, peut faire de la Nouvelle-Calédonie un pôle technologique d’innovation qui va rayonner sur l’ensemble de la zone ».

dr.png
dr.png