Vers un réseau sport-santé
Devenir intervenant pour les formations sport-santé » : organisée à l’initiative du gouvernement, une formation de formateurs se déroule du 19 août au 6 septembre. Objectif, développer un réseau de professionnels favorisant la prescription d'activités physiques et sportives par les médecins ainsi que la prise en charge des patients par des éducateurs sportifs compétents pour appliquer la prescription.
Le premier module du séminaire sport-santé s’est ouvert cette semaine. Il s’inscrit dans le Plan stratégique de la pratique sportive en Nouvelle-Calédonie et le Plan de santé calédonien « Do Kamo, Être épanoui ! ». Au centre du dispositif, l'activité physique et sportive comme vecteur de prévention et de soin. « Le sport n’est pas qu’une compétition où l’on court après des médailles, il participe au développement social et à la santé des hommes, et dans ce pays on en a besoin », note Jean-Pierre Djaïwé, membre du gouvernement notamment en charge de la jeunesse et des sports.
Des formations qualifiantes sont ainsi proposées aux acteurs du sport et de la santé : médecins – généralistes et spécialistes –, kinésithérapeutes, enseignants en activités physiques adaptées, professionnels engagés dans l’éducation thérapeutique du patient, etc. « Vous êtes les relais, les maillons essentiels en termes de santé et de bien-être de nos populations, pour combattre l’obésité et le surpoids, fléaux du monde moderne, leur assure Jean-Pierre Djaïwé. Ce dispositif ne demande pas beaucoup d’argent, mais surtout de l’investissement et de la bonne volonté ».
Des bénéfices réels sur de nombreuses pathologies
Environ 70 personnes sont inscrites à cette formation qui se déroule au gouvernement et à l’Agence sanitaire et sociale (ASSNC). « Il s’agit d’une formation de formateurs, explique Marie-Liesse Dovergne, directrice de l’association toulousaine EfFORMip qui apporte son expertise dans ce domaine depuis quinze ans. Tout le contenu et le matériel pédagogique seront mis à la disposition de l’équipe Do Kamo, afin que la formation puisse être à nouveau dispensée plus tard à d’autres publics, et que le phénomène fasse boule de neige. L’idée est que les médecins puissent prescrire des activités physiques adaptées et que derrière les encadrants puissent les mettre efficacement en œuvre, en fonction des pathologies et des restrictions indiquées sur la prescription ».
Ce travail, certes de longue haleine, porte ses fruits, entre dans les mœurs. « Depuis 2016, le Code de la santé reconnaît que les médecins peuvent prescrire de l’activité physique, poursuit Marie-Liesse Dovergne. Et des études scientifiques ont démontré les bénéfices d’une activité physique régulière pour la prise en charge du diabète de type 2, de certains cancers (sein, côlon) ou de maladies comme l’arthrose ou l’ostéoporose sur lesquelles on enregistre également de bons résultats ». Malgré les différents obstacles à lever : d’ordre psychologique – le regard de l’autre –, soucis purement financiers, ou a priori véhiculés sur le sport. « D’où l’importance d’un accompagnement et d’un soutien motivationnel. »
Le CSSR en force à la formation
Médecin interniste, responsable de l’unité nutrition du Centre de soins de suite et de réadaptation (CSSR) de Koutio, Nathalie Deboucher s’est inscrite au séminaire, ainsi que quatre autres membres du centre. L’équipe Do Kamo l’a contactée eu égard à son parcours et son expérience en matière de réhabilitation à l’effort, respiratoire, cardiaque et nutritionnelle. « J’attends principalement de cette formation qu’elle crée un réseau sport-santé, avant et après le CSSR, notamment pour les patients atteints de pathologies chroniques. Ce réseau fait partie de la remise en forme des malades, au même titre que la diététique ou la psychologie. »
70 % des patients continuent le sport
Le séminaire est animé par EfFORMip. Créée en 2005, cette association est devenue un acteur incontournable de la prescription d'activités physiques et sportives pour les porteurs de pathologies chroniques. Son objectif, modifier durablement le comportement des plus sédentaires de ces patients, en les accompagnant dans l'adoption d'un mode de vie plus actif. Les bénéficiaires du programme sont suivis durant une saison sportive, de septembre à juin. Six mois plus tard, près de 70 % d’entre eux poursuivent la pratique régulière d'une activité physique. De 2006 à 2018, EfFORMip a formé 362 médecins et 996 encadrants sportifs, et accompagné 3 538 personnes. Plus de la moitié d’entre elles souffraient de pathologies métaboliques.
Trois types de parcours
Les parcours sport-santé associent les acteurs des différents milieux de vie (scolaire, professionnel, religieux, coutumier, familial, sanitaire et social…) dans la promotion de l’activité sportive. Ils peuvent également jouer un rôle de repérage et d’orientation du public vers le réseau sport-santé. Ces parcours seront ouverts aux Calédoniens fin 2020 : le parcours A pour les personnes sédentaires, le B pour celles à facteurs de risque et le C pour les malades chroniques. La prise en charge est adaptée aux besoins de chacun.