Un recensement pour préparer l’avenir
Combien sommes-nous en Nouvelle-Calédonie en 2019 ? Ce chiffre, comme bien d’autres, sera mis à jour d’ici à la fin de l’année grâce au recensement de la population. Cet exercice, qui revient tous les cinq ans, est réalisé sous la supervision de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), en étroite collaboration avec son homologue calédonien, l’ISEE. Près de 900 agents recenseurs ont été recrutés pour arpenter la Nouvelle-Calédonie et effectuer cette mission durant quatre semaines. Concrètement, dans une zone qui lui aura été assignée, « chaque agent se présentera de logement en logement afin d'interviewer au moins une personne capable de répondre pour tous les habitants du foyer », explique Olivier Fagnot, directeur de l’ISEE. Un questionnaire individuel d'une page, recto-verso, doit être rempli par l'agent recenseur pour chaque membre du foyer, ainsi qu’un bulletin concernant les caractéristiques du logement. « En cas de refus, ce qui est assez rare, c’est un des rôles de l’agent recenseur d’arriver à convaincre du bien-fondé de l’opération et de l’importance que chacun y participe », poursuit le patron de l'établissement public calédonien. Le recensement, qui implique dans les textes une obligation de réponse, est un « exercice dont la confidentialité est garantie par un corpus réglementaire. On peut répondre en toute confiance. Les données ne serviront qu’à des fins statistiques et aucun lien ne sera établi avec un quelconque autre fichier », tient à préciser Bertrand Oddo, chef de la mission de l’INSEE en Nouvelle-Calédonie.
Du nouveau pour l'appartenance
Fruit d'un long processus, le questionnaire a été élaboré au cours de l'année 2018 après concertation avec toutes les forces en présence – État, gouvernement et groupes politiques du Congrès – et a été validé en janvier dernier par le Conseil national de l'information statistique (CNIS). Qu'apporte-t-il par rapport au précédent ? « Il a été notamment décidé de manière unanime d’ajouter une question "filtre" dans la partie sur les communautés qui est un questionnement unique sur le territoire national. Son libellé est le suivant : "Estimez-vous être Calédonien(ne) ?" », annonce Olivier Fagnot. Une grande différence dictée par le fait que les interviewés étaient toujours plus nombreux à choisir la case "autre" à la question sur la communauté d’appartenance. Une autre petite modification concerne les questions sur l'emploi car l'ISEE procède lui-même, depuis 2018, à une enquête sur les forces de travail. « Le recensement est une photographie de la population qui est différent des autres sondages. Il doit apporter des réponses essentielles à des questions qui ne sont pas posées par ailleurs », insiste le directeur.
Outil pour les politiques publiques
Le recensement a d'abord pour objectif de déterminer les chiffres de la population légale qui ont par exemple des impacts sur les dotations budgétaires des communes. Cette mission, de la responsabilité de l’État (lire aussi l'encadré), devrait être accomplie par l'INSEE d'ici à la fin de l'année comme l'indique son représentant : « Un décret authentifiera le nombre d'habitants pour chaque commune, chaque province et pour la Nouvelle-Calédonie. Ces données seront ensuite publiées au Journal officiel de la Nouvelle-Calédonie », souligne Bertrand Oddo. Ce sera alors au tour de l'ISEE d'intervenir pour sa propre partie d'analyses. « Une fois que l'on a compté, il faut décrire et apporter des éclairages sur les conditions de vie de la population : logement, déplacement, structure familiale... Autant de données qui peuvent permettre d'orienter les politiques publiques en matière de transports ou encore d'anticiper les besoins en crèches, en écoles, en équipements sportifs », énumère Olivier Fagnot. Pour l'Institut qu'il dirige, les résultats du recensement constituent également une formidable base d'études pour les prochaines années.
Une opération en partenariat
Si le recensement demeure une compétence de l'État dans les trois territoires français du Pacifique, l'institut de la statistique local peut être étroitement associé à sa réalisation comme c'est le cas de l'ISEE qui est un établissement public de la Nouvelle-Calédonie. « Nous nous appuyons très largement sur lui pour mener concrètement la campagne sur le terrain mais toujours sous le contrôle d'un chef de mission de l'INSEE dont le rôle est de vérifier que toutes les normes pour compter la population sont bien appliquées », détaille Bertrand Oddo qui assume cette fonction en Nouvelle-Calédonie. Par ailleurs, l'opération est quasiment entièrement financée par l’État, en particulier les salaires des agents recenseurs qui représentent environ 200 millions de francs.